25.4.09

Tombeau Miroir " Klaus Barbie et les poupées "


Je te croise.
On se dit bonjour, bonsoir.
Je fais la vaisselle.
Tu pars.
Je reviens.
Tu repars.
Je me roule une cigarette.
Je bois un verre.
Tu mets la table.
Je dors.
Tu démarres la voiture.
Allô, t’es où ?
Nulle part.
Je travaille.
Moi aussi.
T’es en retard.
Pas toujours.
Demain.
On fait quoi ?
On fait l’amour ?
T’as mal ?
Passe à la pharmacie.
T’as oublié d’acheter le journal !
Tu lis mes mails ?
Non.
Je m’en fous.
Alors quoi ?
Non rien.
Ce Jeans te serre.
On voit mon string ?
Oui.
T’es pas jaloux, t’as dit.
Je l’ai dit.
Je ris.
Tu pleures.
C’est la vie.
On s’en fout.

C’est la vie.
Ca continue.
C’est comme ça.
Piano, guitare.

Air.
Emphase.
En phrases.
Il neige de rien,
Il neige, pas à pas.
Il neige, il ne pleut pas encore, il s’éteint.
Il neige en pleurant. C’est doux.

Qu’as-tu fait de cette putain de vie ?
Qu’as-tu fait ?

Eternelle, symétrique plaie. Expier la pâleur. Eternelle, symétrique plaie.
Les vers noirs du sépulcre.
Convulsifs.

Il ne neige plus, il pleut.
Il pleure.
Tu chagrines mon vieux.

Tombeau.
Miroir.



Klaus Barbie et les poupées
L' aquarelle du boulevard fané par l'ivresse

LA MOSCA

Je viens d'ajouter un lien de blog, original et charmant... Sinon:
pluie & footing


ET un hommage à une "écrivaine", LA MOSCA.

Ça ne fait rien.

Il y a des mots purs qui ne sauraient se dire. Et des mots impurs pour qu’on les dise. Et des silences qu’on ne voudrait pas apprendre.

Qu’est-ce que tu veux je te dise ou que tu voudrais que je te dise ?

Il y a des chemins et nos pas qui ne se croiseront jamais sans doute.
Ca ne fait rien.
Il y a la chute de Camus. Et puis des soldats blessés. Des larmes qui t’attendent.
L’aube sans jamais venir et qui ne vient plus.

Il y a tellement de choses que je ne m’en fais plus.
Je t’en prie, laisse-moi un arbre.

Des mots sous les branchages.
Que j’y aille pleurer la tendresse que tu attends, seule.
Là-haut, nichée dans ton nid.

Tu sauras qu’il y aura des milliers de souvenirs, des avions sans peur pour te faire la fête.

Avant de m’envahir, tu m’avais habitée.
Ces rires, ces phrases soudaines, autant qu’en emporte un amour.
Nous nous reverrons sous le tunnel à l’infini.

Et un des meilleurs groupe pop des décennies passées.
Superbe chanson-souvenir

24.4.09

LAURA et le silence fût



Irisé d’un ciel bleu lumière, à dessiner le contour des paroles effacées, il est minuit sur mon MUR.
J’entends se froisser ma déraison, comme un vieux Pascal.
Il vaudrait mieux m’apercevoir que m’échapper toujours.
Cependant que le mur fait courroie, je suis en Galles du Sud, je fais l’amour à des barreaux de prison.
Laura, laisse ma peine me traverser de mille souvenirs. Laisse-la se promener, battre des ailes et faire le vautour. Laura, ne dis rien puisqu’il n’y a rien à dire.

Ces vastes chiens nous regardent, troupeaux noirs, crinières du souffle ravageur, ils ont leurs yeux arc-boutés, ce ne sont pas des anges.
Un temps existe, a existé. Je ne suis pas très à l’aise dans la mythologie alors je lui préfère l’obscurité d’un verre de vin rouge. Mes mains étaient faites comme des syllabes, toutes prêtes à caresser notre destin, mon invisible.

Ma belle, entends-tu les grandes orgues encore ? C’est cela la solitude du voyage.
Au final, l’admiration est un parcours sans bornes que je te voue. Quand les secrets se découvrent immergés au fond de la mémoire, les pieds frottés de tressautements, la beauté est un cheveu blanc.
Le mien, celui que j’ai laissé pousser dans tes mèches, un soir de printemps, sur cette pelouse où les petits garçons et les petites filles s’étendaient au soleil, et qu’ils se donnaient des baisers furtifs dans le cou, que l’orage approchant nous nous sommes mis tous les deux aussi à genoux. Priant le ciel qu’il nous protège, qu’il ne nous donne pas des rêves mais du silence, qu’il nous donne de l’amour, le seul cadeau du ciel.


Mon ange, ma douceur.

Je t’appelais « MAO » dans mon petit livre rouge.
Et sans chercher à te chérir je cherchais à te sauver.
Il n’existait pas de contrées immenses dans lesquelles je n’aurais pu te rencontrer.

Il n’existait pas de mots que je ne puisse te dire…

Laura, je fus ce que j’aurais voulu être.
Je voudrais m’autoriser certaines coudées franches mais je ne le puis pas.
Un passé sans gloire, une certitude qui ne s’accompagne mais s’embrasse. Un devenir de vos yeux, et dans la pusillanimité qui voudrait exprimer la foi, je cherche dans la prise de mon inconscience une image.

Toi, Laura.

Les anges n’existent pas.
Ce phénomène est une infériorité qui plaît à la masse d’individus sans âme, et pour qui l’amour est un gamahuchage de sentiments, une manière morne.

Il n’y a plus de lumière, Laura,

Lève-toi ma douceur, et marche. Viens jusqu’à moi.
Viens jusque à mon repos éternel.
Jusqu’à salir mes lèvres de tes baisers mouillés.
Je te ferai un paradis de mes pensées. J’invoquerai Dieu et le Diable.
Je te dirai l’allégresse des cendres, le sommeil hors de l’eau.

Pour toi, j’inventerai la forme.
Un rêve crucifié.

Tu viendras poser ta main étrangère sur ma main étrangère.
Puis je me détacherai.
J’irai me cacher derrière le rideau.
Tu me chercheras.
Nous avancerons comme deux chevaux masqués.
A notre rencontre.
On se touchera du bout des doigts.

Je dirai : « Il ne faut pas pleurer mon ange. Tous les chevaux sont fous. »

Laura ne répondit pas.
Elle fit le lien, l’échiquier, deux pièces qu’elle posait tout doucement.
Sans visage, je restai là.
Interdit.
L’art de feindre, si Machiavel m’avait dit…

Laura est belle et elle file comme les maisons au-dessus du soleil.
Quelque infortune que ne puisse supporter ma peine, vous ne lui écrirez jamais de lettres pareilles.
D’ailleurs, je ne vous en donne pas le droit.
Laura est à moi, elle m’existe.
Sa peau vient des profondeurs.
Elle a tout le temps et je n’ai jamais le mien.

Sans vous Laura, et le silence fût :

«Vous êtes bien belle et je suis bien laid.
A vous la splendeur de rayons baignée ;
A moi la poussière, à moi l'araignée.
Vous êtes bien belle et je suis bien laid ;
Soyez la fenêtre et moi le volet.

Nous réglerons tout dans notre réduit.
Je protégerai ta vitre qui tremble ;
Nous serons heureux, nous serons ensemble ;
Nous réglerons tout dans notre réduit ;
Tu feras le jour, je ferai la nuit.»

Ma Laura,
Les pornographes sont déchirés, les amis tous partis. Je suis votre troisième sexe, l’enfant-soldat.

A Pontypridd, Laura.

Chant des Gaëliques.

L’homme qui ne se respecte plus. L’homme sans nom, aux bras croisés et dans les miroirs de l’altitude il se complaît, l’animal du plaisir; à lécher vos pieds, à se laisser conquérir par l’odeur de votre beauté difforme.

Je m’en vais dormir dans la vitrine du photographe.
Démentir ou se battre, serait-ce le même thème ?
Le crime est parfait parce qu’il tue.

Je vous avais fait découvrir Alger et ses enfants de la rue. Comme nous-mêmes.
Innocents guerriers que le monde sans relâche aurait l’aura de la manière la plus forte à vouloir faire disparaître. Autant qu’il puisse être excellent, le soir tombe, le vin monte, si je vous disais les immenses conflits que j’ai eu avec les hommes, si je vous disais, je suis de retour chez moi, je regarde à travers la vitre. Je ne vous y vois plus. Le lyrisme est parti. Les lits en cathédrale, les petits baisers du matin, les clefs qu’on oublie, et cette furieuse senteur de votre parfum…

En vingt et une lettres, je vous le dirai.
Un ciel qui ne s’arrêterait pas de pleuvoir.

Attends-moi petit coquelicot, les peines d’amour sont les seules dont on se souvienne vraiment.
Vraiment parce qu’elles nous appartiennent.
Parce que ce sont les seules qui fassent souffrir vraiment.
Je suis ému de toi. Et la voix qui m’emporte dans ce gouffre sans parois me rapproche à grands pas sans la certitude que vous n’existiez pour moi.



Le guerrier est fini


La passion érigée-
Qu’on éructe faisant fi du désespoir

Alors-
Comme un damné se tordant
-A la branche de l’accordéon-

Je plie cartable et j’installe ma paume
Mes mains bandent le cœur de l’arc : sur pilotis pleuvent les alarmes,
Puis déchirent,

Mes mauvaises pensées
- Tu les liras au pied de l’avion
Sous un ciel de colle

De l’été joyeux rien ne restera
Et défaire
L’amour de la veille
-Ma beauté

Pas sans
Liberté
Pas sans toi / jamais avec

Le vent me vole
J’ai froid
Ma peau mes écailles
Et les yeux clos
Sur le tarmac je te laisse
Mon soleil rouge.

Le guerrier est fini
,
Il se repose.

L'apnée d'une lettre aux mortes

Dans le Jura et ses petites montagnes, nous avions bu du Vin Jaune sur du poulet aux morilles.
C’était le restaurant, là-haut.
Je voulais voir deux femmes faire l’amour. Les toilettes de là-bas, du buisson derrière.
Dans le Jura il fait froid, et assez souvent il arrive que l’on croise des flocons de neige. Et des femmes infidèles qui mettent des jupes longues pour mieux décroiser les jambes.

« Val » , Valérie. Brune comme une moissonneuse du siècle dernier. Engoncée dans son grand manteau, elle a attendu que je lui ouvre la porte. Elle joue à la dame.
Après l’amour, elle m’a susurré. Après l’amour…
Je n’ai pas compris ce qu’elle voulait me dire.

A l’apéritif, je suis resté sobre et je n’ai bu que trois Whiskies. Puis je me suis fini au Jack Daniels en sortant fumer dehors. En passant devant les tables, les clients m’ont regardé. J’ai pensé qu’ils étaient plus bêtes que moi. Je les ai regardés d’un air suffisant. Ils n’ont pas souri. Je crois que je devais avoir l' air triste. Soupir d’un verre à moitié plein, à moitié ivre.

Je ne suis pas resté longtemps dehors, sur cette terrasse gelée. J’ai tiré une ou deux bouffées, comme si le désir semblait plus fort que le chagrin.
A l’intérieur, deux femmes m’attendaient.
Dont l’une ne m’avait jamais attendu et l’autre ne m’attendrait jamais.
Après l’amour…

Elles l’ont fait un peu devant moi mais je n’ai pas su prendre de plaisir. Quand elles sont parties, Valérie et son amie se sont enlacées en cachant leurs têtes. J’avais peur de mal faire si je les insultais.
Alors, j’ai mis mon cœur de côté et j’ai pleuré.
Et j’ai pensé qu’un jour, j’écrirais aux boules de neige et à toutes les envahisseuses de ma nuit…
Et puis parce qu'il faut bien de temps en temps justifier l'avertissement à l'entrée du blog, et puis parce que c'est une scène culte qui m'a inspiré un texte encore non terminé dans mes archives...
" Tiré " (sic!) d'un vieux porno des eighties.
Les " dialogues " sont moches et je n'ai pas su comment mettre une autre bande-son, dommage...


23.4.09

Il fait beau

Ah ! ça va mieux, 35mns de footing-cross ce matin, pas totalement à jeun mais presque à cause d'une prise de sang.
Manque un peu de souffle au-delà de 7/8kms/h mais c'est logique. Mes deux paquets de clopes quotidiennes n'y sont pas pour rien.
Il fait beau et il y avait de la rosée ce matin.
Tiens, j'ai récupéré dans une poche poubelle à moitié ouverte, " Le premier cercle " de Soljetnitsyne...les gens jettent n'importe quoi !

Epitaphe sur la tombe du Baron de Waterbath, ministre de Saxe.

" Passant,
Dans ce tombeau gît un homme de bien,
Qui permit de tout croire, et ne crut jamais rien."



De François Béranger, cette chanson:

Natacha

Ton nom est déjà un voyage

A quoi bon dépenser nos sous
A partir et pour où
A partir

J'aime mieux les rivages ombreux

De notre grand lit aux draps bleus
Où l'on découvre des merveilles


Natacha

Ton ventre est une plaine à blé

Où le Lion court après la Vierge

Dans le soleil de Juillet

Et la plaine

Quand elle finit c'est pour venir

Caresser des montagnes douces

Où je cueille des fruits délectables


Natacha après les monts après les plaines

On arrive dans un pays

Où les mots ne peuvent plus rien dire

Un pays
Où je crois voir ton visage

Avec ta bouche qui s'entrouvre

Avec tes yeux qui cherchent l'ombre

Natacha

L'air que je respire est le tien

Je me baigne dans les grands flots

De tes cheveux abandonnés

Nos navires

Selon le temps selon la mer

Vont calmement ou bien se brisent

Mais c'est toujours pour le plaisir

Natacha


En toi je fais de longs voyages

Les plus beaux les plus délectables

Il me semblait que toi aussi

Tu t'en vas

Tu t'en vas faire le tour du monde

Le vrai cette fois avec des trains

Des Boeings, des machs des turbines

Natacha


Je crois bien que tu reviendras

Non pas que je sois prétentieux

Mais nos voyages c'était bien mieux

A partir
J'aime mieux les rivages ombreux
De notre grand lit aux draps bleus

Où l'on découvrait des merveilles


Sublime texte.




22.4.09

Mezzo-tinto


« Cependant, la possibilité qu’il loue son corps pour parfaire l’expérience, allait au-delà de sa volonté. » IF


Mon corps est un papier gras.
En montant l’escalier, la voix jouait le concert des cendres.

Et l’illusion des dunes photographiait ta main.
Puis à la séance des barres parallèles, nous avons gardé nos jambes cachées sous le manteau.

Les mots réunis
-Nos lèvres sous nos yeux-
Par lesquels la page s’ouvre, le lit en froissements continuels.

Le chamane entre en douce passion.


Peinture sur porcelaine de Chine.
Le rouge est plus difficile à appliquer que le bleu.
Tout est en place quand l’horloger passe, l’œil laborieux, nous rappeler le jaune comme la couleur de la lumière, l’or de l’homme, unique créateur, et sa voix, son souffle, ses incisions charnelles, la liberté de l’esquisse.


L'ange rouge


Ayant un faible pour la culture japonaise, on m'a conseillé le film L'ANGE ROUGE -mais apparemment pas facile à visionner- du réalisateur Yasuzo Masumara, Japon, 1966, Avec Ayako Wako, Shisuko Ashida.


Pendant la guerre sino-japonaise, dans un hôpital de campagne, une jeune infirmière assouvit son désir de domination en couchant avec des soldats mutilés. Même le Dr Okabe, impuissant, est entraîné dans cette tourmente charnelle et violente.
Le synopsis me met l'eau à la bouche.

ICI, un extrait de BLIND BEAST, 1969.



« J’ai vu les nuages venir

Le sang était plein de nuages
Il y en avait dans les yeux
Et sur la nappe où l’on mange »

Benjamin Wechsler/Fondane

La muse de Cordona

21.4.09

JE BOIS


Ici, sur ce blog veux-je dire, les commentaires ne sont pas soumis à la modération, mis à part bien entendu des propos qui se verraient des attaques sans preuves ou du pur mensonge.
Alors, dans l'attente d'accueillir vos insultes et autres fientes venimeuses, je vous souhaite une bonne fin de mois d'avril.
Arrêter de bander est chose plus facile que d'arrêter de boire même si ces deux choses sont sans rapport.
Alors qu'en tant que futur ex-alcoolo (n'ayant pas encore fait toutes mes preuves), deux qui eux, ne seront pas restés dans ce domaine des feignants.
Mon pote Sergio dit Gainsbarre, " Je bois pour m'enlever mon trop-plein de lucidité "
et ce vieux W.C Fields, cabot génial, " Je bois pour rendre les autres intéressants ".

Hieronymus Bosch


Trouvé sur le net, ce qui apparaît être un formidable livre au vu de la source et de son auteur.
Encore une de mes prochaines lectures. Source-Le Matricule des Anges-
Encore une de mes prochaines lectures." Mon intérêt personnel pour Bosch me vient d'une étrange sensation qui me hante depuis ma jeunesse. J'ai le sentiment que, dans une de mes vies antérieures, j'ai été dans la peau d'un disciple de Hieronymus Van Aken et que j'ai contribué à la création de cette oeuvre " : Anatoli Koroliov fait référence au Jardin des délices du peintre flamand. L'écrivain russe, lieutenant de 1971 à 1973, est affecté à la surveillance d'un camp disciplinaire pour soldats. L'ancien étudiant, qui médite sur un roman portant sur la vie de l'artiste, y fait des songes teintés de métempsychose. Ces rêves lui permettent de s'échapper de l'enfer dans lequel il est plongé. C'est aussi pour lui, en transposant la souffrance dont il est le spectateur/acteur au quotidien, un moyen d'accepter son rôle dans l'appareil répressif : " Mon Bosch, c'était ma tour d'ivoire " "

" Koroliov, appelé comme témoin dans un procès tout brejnévien, fait pourtant partie de ceux qui sont étroitement surveillés par le KGB. L'un de ses crimes les plus graves contre l'État ? Avoir lu Boulgakov ! L'ironie de Koroliov est aussi une arme contre le Parti. Si le militaire ne perd pas la raison dans cette prison où les pires sévices sont infligés aux détenus, c'est sans doute parce qu'il se permet les délires les plus mystiques dans ses visions médiévales. Les passages au style flamboyant où l'officier se retrouve aux côtés du maître traduisent en mots les tableaux torturés du peintre et ses hallucinations expiatoires. Le mouvement pendulaire qui rythme le récit nourrit la réflexion de l'auteur. Sorti vainqueur de cette lutte schizophrène, Koroliov élargit son propos. Il évoque le processus créatif " Un artiste doit être un marécage dans lequel les anges s'enlisent ", les théories anarchistes " Lorsque les hommes auront leur espace à eux, on pourra leur demander de suivre leur conscience " et la métaphysique " Toute fragmentation du mal ne fait qu'accroître sa surface ". Un appel à la lutte face à l'oppression. "

Etre Hieronymus Bosch d'Anatoli KoroliovTraduit du russe par Luba Jurgenson

é alors...Lol ? ? ?

Après deux longs mois d'arrêt suite à une entorse mal soignée-fracture à la pointe de la malléole-je viens de reprendre tout doucement.
Vingt petites minutes de footing ce matin, les sensations reviennent, comme quand je suis devant ma table d'écriture. Et puis, bien plus efficace que les anti-dépresseurs et autres anti-inflammatoires...

A lire au plus vite après COURIR d'Echenoz-sur Zatopek- le bouquin du plus grand écrivain japonais encore vivant-selon les dires de certains-: " Autoportrait de l'auteur en coureur de fond " de Haruki MURAKAMI.

“On ne peut éviter d’avoir mal, il dépend de soi de souffrir ou non.”

“Se consumer au mieux à l’intérieur de ses limites individuelles, voilà le principe fondamental de la course”.

My PETGIRLS

Ce fantasme récurrent, vision trouble, magique, une sorte de masochisme (avec soi) dans cette image de la femme-chienne soumise aux vertus de son maître, elle et lui, nourrissant de leurs pensées secrètes l'enfant du diable.

Âmes pures, passez votre chemin...


LCbeat

Le sang d'une dorure

Je rentre de l'école. Il est minuit passé. Le chemin est si dur que l'on dirait du plâtre. Je regarde dans le ciel, la constellation du chien. Qui se met à rugir comme cent chiens affamés. Je crois entendre l'harmonica de Bob Dylan. Quelque part. Pas très loin d'ici, mais suffisamment loin pour que je n'entende pas les paroles. Je marche à la lisière de la forêt, la voix de ma mère, elle est morte hier je crois, me dit : ne t'approche pas de la forêt, jamais, jamais, jamais. La maîtresse dit la même chose, Lola Quartz, c'est un drôle de nom, elle a une tête de poupée salope avec ses longues boucles d'oreilles de pacotille, et ses ongles immenses peints en rouge. Un jour, avant que ma mère ne meure, elle m'a branlé sous le préau, nous n'étions que tous les deux. Elle est arrivée derrière moi et j'ai senti ses mains s'insérer dans mon pantalon, elle a ouvert ma braguette, j'ai éjaculé sur le mur, ça faisait une petite flaque ridicule. Elle a ri et quand son cours a commencé, elle m'a regardé d'un œil mort et intime. Ce soir j'ai envie de pénétrer la forêt. Me masturber contre un tronc d'arbre, comme un ours solitaire.


De drôles d'ombres s'emmêlent dans les arbres, avec un vent foisonnant de mots inaudibles. Je repense à Lola Quartz. Souvent je traînais avant de rentrer dans la salle de classe, espérant qu'elle vienne derrière moi, qu'elle prenne mon sexe dans ses mains, mais elle n'est jamais revenu. Je me demande si elle s'est choisi un autre élève, un qui ne ferait pas de flaque sur le mur, un qui saurait quoi faire d'autre que simplement se répandre dans le silence du préau. Une ombre se détache des autres ombres. On dirait une fille dorée. Qui marche pieds nus sur les branches cassées. J'entends le bruit de ses pas. Mais je n'ai pas peur. Je me cache derrière un tronc aussi dur que du béton. Je crois qu'elle ne m'a pas vu. Elle porte une robe courte, qui dissimule à peine ses cuisses blanches comme une feuille encore vierge. Les bretelles sont fines comme des trombones. Je pense qu'elle a quinze ans, quelque chose comme ça. Elle enlève sa robe et je peux voir ses seins. Un halo bleu enveloppe son corps. Ils sont petits et ronds, d'une beauté affligeante, je n'avais jamais vu de fille nue avant.
Elle ne ressemble par à Lola Quartz. Sa peau enivre la forêt. Il n'y a plus un bruit, même le vent a cessé. Une connivence divine semble avoir pris les bois. J'imagine mon sexe se dresser timidement sous mon pantalon, je l'imagine seulement puisque je ne peux détacher mes yeux de son corps.
Elle ne marche pas, elle glisse comme une liqueur douceâtre dans la gorge. Des fougères mortes ceinturent ses jambes. Son sexe est celui d'une petite fille. Elle fait un tour sur elle-même, je vois ses fesses rebondir légèrement. Je ne sais pas encore si cela doit m'exciter. J'empoigne l'écorce pour ne pas crier. Du sang coule lentement de mes mains, fait une flaque sur la mousse.

Alors, elle s'allonge sur le sol, les morceaux de branches craquent, mangent son corps. Elle semble regarder la lune, les constellations, le ciel rougit. Mes joues brûlent, comme de honte d'assister à tout ça, cette scène dont j'ignore tout. Le halo bleu augmente, explose l'air environnant. Des dizaines de moustiques muets me mordent les bras et le visage. Les arbres étirent leurs branches vers le corps bleuté de celle dont je ne saurais jamais le nom. S'étirent et l'attachent. Lui écartent les membres, elle ne paraît ressentir aucune douleur, je ne vois pas son visage mais je sais qu'elle ne souffre pas. Elle est une croix aux confins d'une forêt magique. Une croix bleue appelant aux plaisir d'une nuit singulière. D'autres branches lui entourent les seins, passent sous ses fesses, autour de sa gorge. Ligotée dans le silence perpétuel du ciel et de la nuit mélangés.
Mes bras étreignent le tronc de l'arbre, comme ils le faisaient sur le corps de ma mère quand elle me couchait ces soirs d'orage et de tempête. Alors que je pense que la fin de la scène est proche, une dernière branche, recouverte d'un lierre doux, se dirige vers le sexe brillant de la fille. Elle y pénètre, doucement, puis en ressort, du sang macule les feuilles, certaines tombent en poussière fine sur la terre. Le souffle de la fille s'entend maintenant, résonne dans la forêt, se faufile entre les arbres spectateurs, frôle ma peau tendue, mes lèvres, mes doigts serrant toujours fort l'écorce. Son souffle remplace le vent, prend la place de chaque étoile de chaque constellation, imbibe le ciel.

Quand le silence revient, la branche pénètre à nouveau le corps, pénètre et ressort, et pénètre, pénètre. Je ne me souviens pas d'avoir ressenti quelque chose d'aussi intime, fort, puissant, avant cet instant. Je ne me souviens même plus d'avoir existé avant cette nuit. Je ne sais plus rien de ma mère, plus rien de sa mort, plus rien de ce qui me constitue. Je me mêle au souffle, au silence de la forêt, à la pénétration extatique de cette branche sanguinolente. Mon corps, maintenant entièrement nu, mon sexe toujours levé en direction de la constellation du chien, s'imprègne de l'odeur de mon arbre jusqu'à s'y fondre intégralement. Au bout de mes bras, à la place des mains, des feuilles de chêne, des bourgeons, la fraîcheur de l'air me fait du bien, me fait me sentir appartenir à la forêt, d'être partie intégrante de ce monde jusque là ignoré. Sur ce qui était mes bras, frémit une pellicule de lierre froid, crissant, murmurant un langage que je ne connais pas. Deux branches rigides, fortes, recouvertes d'un sang frais et vierge. Je ne peux contrôler mes mouvements. Je ne suis plus caché de cette fille offerte à quelques joies incroyables.

Elle est si proche de moi, qu'en cet instant précis, je sais que ce qui se déroule sous mes yeux, pleins d'une sève miraculeuse, n'est en rien un spectacle auquel j'assisterai impuissant.

Il est deux heures du matin, ma mère, ou plutôt le fantôme de ma mère s'approche de moi, glisse sa tête sur mon épaule : tu as fini tes devoirs ? J'acquiesce, silencieux. Depuis cette nuit étrange, j'ai décidé de ne plus parler, jamais, je ne tolère plus les sons qui proviennent de ma gorge, ces sonorités grossières, tapageuses, comme des outrages aux bruissements du vent dans les arbres. Un enregistrement des Gymnopédies d'Éric Satie se diffuse mélancoliquement dans la cuisine, comme un homme buvant son café devant le poêle à bois, à la façon de la solitude glorieuse dont sont faits les silences que l'on n'entend que la nuit.

LCbeat





20.4.09

Papa DOC


« Elisa entra. Elle confia les chandelles allumées à la mambo. Postel et maître Horace s'occupèrent â retourner leurs vêtements. Elisa ressortit pour faire de même. Dans l'obscurité de la cour, elle inversa soutien, slip, mini-jupe et chemisier. Sor Cisa fixa les cierges, deux noirs et trois blancs sur les points qu'elle estimait stratégiques du vevé. Elle saisit un paquet de feuilles vertes et l'orienta vers les quatre points cardinaux en récitant :

Au nom de Loo Danyiso

Au nom de Loko-pomme-d'Adam
Postel aura des couilles de lion
Pour vaincre les fureurs du mât
Ago, Agosy, Agola !


Après ces invocations la Cisafleur prit Loko par la main. Elle le fit pirouetter lentement devant le lit de Postel et improvisa le chant suivant :

Je suis la tête fraîche des arbres

Je suis Loko-Postel le général Loko Silibo Vavoun
Je suis la clef du long chemin d'homme
qui brille jour et nuit
sous ses pieds
le soleil nous suit pas à pas,
agoyé !


Le loa manifesta joie et fierté à l'écoute des paroles qui célébraient ses pouvoirs. Il se détacha de sor Cisa pour danser seul. Il n'était plus un nègre trapu avec un cou de taureau, ni un petit charpentier de Tête-Boeuf, mais un papa-loa qui s'engageait avec grâce dans les chemins africains de son esprit et de son corps. Il dansait le corps incliné, bras et jambes légèrement pliés, avec un jeu frémissant du dos et des épaules. Tantôt il avançait, tantôt il reculait, faisant glisser latéralement les pieds. Tout à coup il attira Elisa : elle fit immédiatement corps avec le rythme qui montait et descendait dans la voix de sor Cisa. Les ondulations des épaules et des reins d'Elisa, ses entrechats, ses fléchissements de genoux, rivalisaient de feinte et de fantaisie avec le ballet félin de son partenaire. Elle releva des deux mains le bas de sa mini-jupe et se mit à le baisser et à l'élever sans cesse. Sa chair, partout dure, pleine, lyrique, ondulait, se cambrait, s'arrondissait, en mesure. Postel la regardait, fasciné. (…)

Quelques instants après sor Cisa cessa de chanter. Elle ouvrit une bouteille, se remplit la bouche d'une lampée de son contenu. Au lieu de l'avaler, elle en vaporisa le visage de Papa Loko. Le saint loa recula de plaisir. Sor Cisa répéta la vaporisation de kimanga sur Elisa, maître Horace et Postel. Chacun se mit à éternuer, les yeux larmoyants, dans une piquante odeur de tafia, de pimprenelle, de piment. Loko se pencha sur Postel. Il le souleva du lit. Il frotta lentement son front contre le sien. Il lui saisit les mains. Il les éleva, à trois reprises vers les points cardinaux et demanda à sor Cisa de les vaporiser. Loko répéta la même opération avec les pieds de Postel. Sor Cisa sortit précipitamment de la pièce. Elle revint aussi vite avec un coq et une poule qu'elle s'empressa de confier au loa. Papa-Loko invita Postel à enlever chemise et pantalon. L'ex-sénateur s'exécuta. Il apparut en caleçon.

- Ça y est, on me déguise en cadavre, songea-t-il.»


René DEPESTRE
Le mât de cocagne