24.4.09

LAURA et le silence fût



Irisé d’un ciel bleu lumière, à dessiner le contour des paroles effacées, il est minuit sur mon MUR.
J’entends se froisser ma déraison, comme un vieux Pascal.
Il vaudrait mieux m’apercevoir que m’échapper toujours.
Cependant que le mur fait courroie, je suis en Galles du Sud, je fais l’amour à des barreaux de prison.
Laura, laisse ma peine me traverser de mille souvenirs. Laisse-la se promener, battre des ailes et faire le vautour. Laura, ne dis rien puisqu’il n’y a rien à dire.

Ces vastes chiens nous regardent, troupeaux noirs, crinières du souffle ravageur, ils ont leurs yeux arc-boutés, ce ne sont pas des anges.
Un temps existe, a existé. Je ne suis pas très à l’aise dans la mythologie alors je lui préfère l’obscurité d’un verre de vin rouge. Mes mains étaient faites comme des syllabes, toutes prêtes à caresser notre destin, mon invisible.

Ma belle, entends-tu les grandes orgues encore ? C’est cela la solitude du voyage.
Au final, l’admiration est un parcours sans bornes que je te voue. Quand les secrets se découvrent immergés au fond de la mémoire, les pieds frottés de tressautements, la beauté est un cheveu blanc.
Le mien, celui que j’ai laissé pousser dans tes mèches, un soir de printemps, sur cette pelouse où les petits garçons et les petites filles s’étendaient au soleil, et qu’ils se donnaient des baisers furtifs dans le cou, que l’orage approchant nous nous sommes mis tous les deux aussi à genoux. Priant le ciel qu’il nous protège, qu’il ne nous donne pas des rêves mais du silence, qu’il nous donne de l’amour, le seul cadeau du ciel.


Mon ange, ma douceur.

Je t’appelais « MAO » dans mon petit livre rouge.
Et sans chercher à te chérir je cherchais à te sauver.
Il n’existait pas de contrées immenses dans lesquelles je n’aurais pu te rencontrer.

Il n’existait pas de mots que je ne puisse te dire…

Laura, je fus ce que j’aurais voulu être.
Je voudrais m’autoriser certaines coudées franches mais je ne le puis pas.
Un passé sans gloire, une certitude qui ne s’accompagne mais s’embrasse. Un devenir de vos yeux, et dans la pusillanimité qui voudrait exprimer la foi, je cherche dans la prise de mon inconscience une image.

Toi, Laura.

Les anges n’existent pas.
Ce phénomène est une infériorité qui plaît à la masse d’individus sans âme, et pour qui l’amour est un gamahuchage de sentiments, une manière morne.

Il n’y a plus de lumière, Laura,

Lève-toi ma douceur, et marche. Viens jusqu’à moi.
Viens jusque à mon repos éternel.
Jusqu’à salir mes lèvres de tes baisers mouillés.
Je te ferai un paradis de mes pensées. J’invoquerai Dieu et le Diable.
Je te dirai l’allégresse des cendres, le sommeil hors de l’eau.

Pour toi, j’inventerai la forme.
Un rêve crucifié.

Tu viendras poser ta main étrangère sur ma main étrangère.
Puis je me détacherai.
J’irai me cacher derrière le rideau.
Tu me chercheras.
Nous avancerons comme deux chevaux masqués.
A notre rencontre.
On se touchera du bout des doigts.

Je dirai : « Il ne faut pas pleurer mon ange. Tous les chevaux sont fous. »

Laura ne répondit pas.
Elle fit le lien, l’échiquier, deux pièces qu’elle posait tout doucement.
Sans visage, je restai là.
Interdit.
L’art de feindre, si Machiavel m’avait dit…

Laura est belle et elle file comme les maisons au-dessus du soleil.
Quelque infortune que ne puisse supporter ma peine, vous ne lui écrirez jamais de lettres pareilles.
D’ailleurs, je ne vous en donne pas le droit.
Laura est à moi, elle m’existe.
Sa peau vient des profondeurs.
Elle a tout le temps et je n’ai jamais le mien.

Sans vous Laura, et le silence fût :

«Vous êtes bien belle et je suis bien laid.
A vous la splendeur de rayons baignée ;
A moi la poussière, à moi l'araignée.
Vous êtes bien belle et je suis bien laid ;
Soyez la fenêtre et moi le volet.

Nous réglerons tout dans notre réduit.
Je protégerai ta vitre qui tremble ;
Nous serons heureux, nous serons ensemble ;
Nous réglerons tout dans notre réduit ;
Tu feras le jour, je ferai la nuit.»

Ma Laura,
Les pornographes sont déchirés, les amis tous partis. Je suis votre troisième sexe, l’enfant-soldat.

A Pontypridd, Laura.

Chant des Gaëliques.

L’homme qui ne se respecte plus. L’homme sans nom, aux bras croisés et dans les miroirs de l’altitude il se complaît, l’animal du plaisir; à lécher vos pieds, à se laisser conquérir par l’odeur de votre beauté difforme.

Je m’en vais dormir dans la vitrine du photographe.
Démentir ou se battre, serait-ce le même thème ?
Le crime est parfait parce qu’il tue.

Je vous avais fait découvrir Alger et ses enfants de la rue. Comme nous-mêmes.
Innocents guerriers que le monde sans relâche aurait l’aura de la manière la plus forte à vouloir faire disparaître. Autant qu’il puisse être excellent, le soir tombe, le vin monte, si je vous disais les immenses conflits que j’ai eu avec les hommes, si je vous disais, je suis de retour chez moi, je regarde à travers la vitre. Je ne vous y vois plus. Le lyrisme est parti. Les lits en cathédrale, les petits baisers du matin, les clefs qu’on oublie, et cette furieuse senteur de votre parfum…

En vingt et une lettres, je vous le dirai.
Un ciel qui ne s’arrêterait pas de pleuvoir.

Attends-moi petit coquelicot, les peines d’amour sont les seules dont on se souvienne vraiment.
Vraiment parce qu’elles nous appartiennent.
Parce que ce sont les seules qui fassent souffrir vraiment.
Je suis ému de toi. Et la voix qui m’emporte dans ce gouffre sans parois me rapproche à grands pas sans la certitude que vous n’existiez pour moi.



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