28.3.09

Simon Michel, brando Marlon.


Les deux plus grands comédiens. Ceci est un avis personnel que je partage. Enormément.

SIMON CLIQUEZ

BRANDO CLIQUEZ

Alice post-mortem

* « Chemin faisant, j’avais vaincu tous mes ennemis; l’un après l’autre, mais le plus grand de tous, j’étais passé à côté de lui sans le reconnaître- et c’était moi-même. »

Finissez votre café , bande de tarés ! La crème de la crème, l’alcool de joie et autres poussières divinatoires. Monkey monte, voit, boit.
Lu, devine, et des caresses oui, valent mieux que des souvenirs.
Monte et descends,
Monte et descends,
Monte et descends,

Petite liste de courses à Schindler :
– Suc. Suc. Et re-suc.

CHUT !!! In absentia.

Dans ce vaste atelier d’écriture, murs très peints de blanc, ou plutôt dirais-je d’une couleur maronne ou grise, je me suis enfermé par ma propre volonté.
Las, je ne songe plus à dilapider mes forces, mon attente de la force qui me survit. Je réunis bras croisés l’instant qui viendra souverain m’ébahir comme pour me lanciner, et l’autre, le foie, lui, hurle à côté ;
à la mort et le sait-il seulement ?
Que peut-on faire contre le pourridié ?
Rien, ad nauseam.
Chaque champignon repousse la gloire de Dieu jusqu’au tréfonds.
Putain, éteignez-moi ces yeux et faites acte. Le martyr du soleil.

Trois chambres plus loin et deux mourants plus tard. Non, me dit-elle, je veux fumer moi aussi, fumer jusqu’à ma dernière demeure.
Ô funérarium.
En anglais, l’amour se dit mausolée.

La linguistique n’est pas folle, elle.

– Vous ou tu ?

– Tu, ça ira.

Laisse les salamalecs se dorer au soleil.
« Le seul combat perdu d'avance est celui qu'on ne livre pas. »
Ce genre de pensée est aussi attirant qu’un cul posé entre deux chaises.
Uppercut, sales poumons, fumée du diable.

– Je n’ai plus de cheveux et presque plus de voix.

Son discours avance irréfragablement vers l’inexorable. Elle s’assoit sur le rebord du mur, à côté de la porte marquée « ACCUEIL », là où on reçoit les patients très impatients . Patio des dépendances. Les ambulances, les vivants presque encore…

Mais tu as des yeux . Bleus. Et des larmes.
Les larmes comptent plus que n’importe quelle planche à billets. L’âne qui monte la pente, portant la cruche d’eau . L’air, la mer, le soleil, le vent, et ce roc inébranlable à toutes épreuves, il n’y a de justice que dans la justesse.
La Crète compte environ plus de trente mille oliviers.

– Et toi, tu es là pourquoi ?

Je suis là comme je serais ici ou nulle part, je suis là pour l’alcool mais surtout pour moi.
Le temps coupe les têtes et ne les remplace pas. De mon berceau, je fuis à tire d’aile, disparu disent-ils, par mégarde.
L’occident nous a tués. Peu à peu, nous nous sommes enfermés dans notre catastrophe.
Et les pygmées rigolent.
Ce n’est pas ce qui plaît qui est bon mais c’est ce qui est bon qui plaît.
Les cadavres sont des flux qui s’entremêlent. La litanie se mérite au pas de danse, grâce aux oracles et à leurs sombres prédictions.

Elle continue de fumer en souriant.

– Avant, je peignais. Depuis que j’ai perdu mes cheveux, j’ai arrêté.

*« Peindre, c’est aimer à nouveau. »

– Demain, je pars. Ils me « relâchent ». J’en ai terminé avec mes examens. Je dois revenir dans quelques semaines.

– Ah…ah…dans quelques semaines…c’est bien…mais je ne sais pas…

J’ai peur qu’elle se mette à sangloter et comme je suis un pornographe sans attention , mon regard se détourne des ses yeux, je l’imagine nue, sans cheveux , désirable.
En liesse et lascive. De l’intérieur. A outrance. A la dérober, à la rendre inimitable.

La mort des autres me protègent de la mienne, dérisoire instantané.

A l’encan, du désir nu, un arrière-plan post-mortem.
Dans l’intervalle, que de verbiage obséquieux ! Mon dieu, mon dieu, faites que les étoiles s’approchent et la fassent vivre…encore un peu.

– Ils m’ont laissé l’accès à mon portable. Exceptionnellement. Je t’enverrai des mails.

Je crains de n’y répondre jamais. Peut-être par jalousie. J’ai envie de mourir comme elle. Peut-être de mourir en elle pour me protéger.

– Si tu veux, je vais te laisser un livre très précieux, très noble. Tu tourneras les pages très lentement, Alice. L’autre monde, merveilleux.

** « [...] et la morale de ceci, c'est : Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes. »

Il est un peu tard et il fait un peu trop frais pour son corps frêle et abattu. Chambre 16 .
La vie est supérieure à la beauté car elle ne dure pas toujours. Nous rejoignons l’ascenseur.
Puis, se ravisant, elle me dit qu’elle repart fumer une autre cigarette.

– Tu vois, comme à chaque fois, comme si c’était la dernière.

– Non ! L’avant-dernière.

Voltigeur soudain devenu prodige, je la rattrape par la manche de son pull. Dessous, je sens sa peau froide. La chair fait écran.
Ma langue s’écorche contre la sienne.
Quelques secondes.
Le ciel en déroute sous des néons extravagants . A pleine bouche, nos langues démarrent, se touchent, s’invectivent, se mouillent de n’importe quelle question à la puissance dix.
S’enlacent avec plus d’ampleur et allègent les intonations.
Je suis vif, tu es mienne pour une rupture.
Au diable, ceux qui lisent les yeux ouverts !
Aussi continu qu’un silence sans fin, sans dessein, sans demeure, ce lieu jadis vécu et dont personne ne retrouvera le rêve.
Nos langues trop noires, trop blanches, nos sexes grésillent en s’époumonant .
Alors, à l’endroit où le vide renaît, la page s’arrache.

Ses pas s’envolent dans le couloir dans une dimension aveugle et l’écoulement d’une variation frotteuse de troubles, mâcher cette salive, l’écrire, la jeter dans l’espace.
Fermer les yeux de bas en haut, puis les rouvrir de gauche à droite…
Sur mon sommeil à venir, il fera des années de froid à éclater le bois mort, chagrins de traverses ignobles, à égaler par ma voix basse l’entremise de tes yeux.


Et vous , avez-vous vu Alice ? On m’a dit qu’elle dormait auprès d’un arbre, les paupières lourdes.
Le chirurgien sortant du bloc me répondra lugubre, sec, saignant.
Elle était prête, n’a pas fait d’efforts pour mourir. Elle pensait que ce n’était pas pour maintenant mais pour toujours.

Laid autant que je puisse l’être, je me dirais que la vie sera belle à ton retour.

*** « Le premier jour de la vie c’est beau.
Le dernier aussi avec un peu de suspense.
Entre les deux il y a une durée relativement
Relative qui prend fin quand ça s’arrête. »


*Henry Miller
**Lewis Caroll
***Clemente Padin


27.3.09

TRIlLOGIE Majestueuse

« Qu'est-ce qu'un Irlandais ? » Et Lawrence Durrell, né à Jullundur en Inde de parents anglo-irlandais de répondre : « Un spécialiste de la fabrication et de la pose des suppositoires. Nous plantons des suppositoires dans les fesses des Anglais de Londres. Un dur métier, mais si utile. »
LAWRENCE DURRELL, Le Grand Suppositoire, entretiens avec Marc Alyn, éditions Gutenberg, 192 p.

Il n'y a que trois choses que l'on puisse faire avec une femme [...]. On peut l'aimer, souffrir pour elle ou en faire de la littérature.

J.D
“On s’étonne parfois de mon goût pour le patois, un peu vif, mais que voulez-vous, le patois est la langue de maman, ma langue maternelle. Je l’aime. Je devrais dire: l’occitan, je sais , qui est le terme correct et le plus stratégique. Mais occitan c’est savantasse, ça fait intelligentsia. Moi il m’écorche les lèvres, et me fait mal au coeur. Maman parlait patois. Jusqu’à cinq ans, je n’ai parlé que le patois. Le français m’est une langue étrangère. Outre que le patois a son génie I propre, il est souvent plus bref, et plus cru, il engrosse un peu les choses,les substantifie: las poupos , volumineuses, laiteuses, c’est bien autre chose que les seins. C’est le patois, ce patois si peu apte à la psychologie, à la pensée, qui a donné à mon style ce caractère concret, sensationnel. Le patois est ma langue ~, immémoriale, j’ai souvent chanté sa verdeur et ses pouvoirs. Cette langue, je l’ai entendue pour la première fois de mes oreilles inouïes, dans cette langue j’ai gazouillé les prémices de ma chanson et fondu mon premier embryon de pensée.”

Joseph Delteil (La Deltheillerie)

Je reviendrai prochainement sur ce trio mais à ce jour je suis fatigué par les examens médicaux et autres médicaments. Bonne nuit.

25.3.09

Dylan


Le beau samedi ou / « One Warm Saturday »
Dylan Thomas- extraits.

« Ne sois pas long Jack, je t’en supplie, il ne faut pas que tu sois long[…]Vite ! Vite !Chaque seconde est assassinée. Ma chérie, mon adorée, mon amour, reviens, cours, siffle, ouvre la porte, crie, appelle-moi, jette-moi contre terre ![…] Il courut au fond du couloir tenant sa main humide contre sa bouche. Il alla cogner contre la rampe du premier étage et tandis que le rez-de-chaussée montait vers le palier comme un ascenseur chargé de cadavres, la voix de Lou, dans sa tête, lui demandait tout doucement de revenir. Vite ! Vite ! Je ne peux pas, je ne peux pas attendre, on est en train d’assassiner la nuit de noces… »

N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit (Do not go gentle into that good night)

N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.

Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,

Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.


Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs

Leurs actes frêles auraient pu danser en un verre baie
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Les hommes violents qui prient et chantèrent le soleil en plein vol,

Et apprenant, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,

N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante
Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,

Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Et toi, mon père, ici sur la triste élévation

Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.

Traduction d’Alain Suied Dylan Thomas Vision et prière Gallimard COLL. POESIE -

Cliquez

Un des seuls avec Lorca, à m'émouvoir autant.
Goodbye Stranger...

De Profundis_Mano

Ce sabre- S’herbe le sabre _ Mano.
Polyphonie /merde !
Mon père va mourir !

Polyphonie/ merde !
Je ne ferai plus jamais l’amour…à une femme
Enceinte-
Co’Mon ex…

Alors, De Profundis_Mano je mate,
Les petites rappeuses en short serré à leurs entournures.


J’herbe le sabre _Mano.
Tu entends_ Mano ?
Je dé_ s’arbre, je dé_ serbe,
Je m’arbre puis je chante, puis je me tais.

Let me know, Mano.
M’arc_bouter et me faire mal, me sabrer,
Je clame, je slamme, je rappe, je dérape.


Je tombe, je creuse, je suis tombé.
Tombé dans le trou que j’ai creusé. Creuset des mots Rockn’Roll, des mondes parallèles, du triptyque Yougoslave.
Oui je slave les mots pour parcourir l’ennui,

Pour courir vers la mort, Yougoslave, Slave_ la vie, esclave la vie !
Je me parfume -perfume ?- Me perfuse, l’injection est vitale.
Solidaire des animaux solitaires, des animaux crevés.


De Profundis_Mano, tu m’entends ?

Keisha chante, danse.
Elle est jolie dans son pull serré.
Tu sais_ Mano,

Comme un samourai qui fait couler une larme de sabre !
Un samourai, sans tréma.
Concluant le triptyque,
Sentant monter, la clameur,alors je slamme comme,

Un gosse,
Un yougoslave !
De Sarajevo à La Havane,

J’écris, je décrypte , je baise les mots,

Dans le charnier désertique,
Des profondeurs
De Profundis_ Mano…
De Profundis_ Mano…De Profundis_ Mano…
De Profundis_ Mano…

A_ MANO.

24.3.09

Le cri atomique de l'écrivain

L’idiophone

« « « « Le cri atomique de l’écrivain » » »
PORTE-TOI BIEN , lui répondit l’écho !…!…!…!

Angoulême – Périgueux, via Bordeaux par Agen. Je me serais fait une ligne de train. Dimanche prochain, je mettrai un sac en plastique sur la tête. Et des ballet- boots , et du rimmel , et de l’encre de Chine, et des mots, des mots dans mon sac à dos. Du dentifrice pour poivrots, pour pas sentir mauvais de la bouche.
Oui, c’est vrai, j’avais déjà remarqué que les femmes préfèrent toujours qu’on les embrasse plutôt qu’on ne les touche.
Ils diront que je suis fou, mes parents, leurs amis et ma belle-sœur.

« Votre manuscrit a attiré notre attention, bla-bla-bla…et nous serions enchantés de faire votre rencontre, bla-bla-bla…ce jour à l’heure dite, bla-bla-bla… »

Le fauteuil est cosy, l’ambiance est morte. J’ai droit à des yeux froids. Dont un seul me regarde parce que l’autre m’épie, me jauge.

– Olivier D., il vous faudrait vous trouver un autre pseudo. Pourquoi ? Olivier D., c’est pas beau ?

Provocateur, je détourne la loi en allumant une cigarette. Elle continue sans élever la voix. Elle a trente cinq ans et au plus fort de la tempête, costumée à la Van Halen, le talent en moins sur talons hauts.

– Puis-je vous raconter une de mes vannes préférées ? La psy, avant de partir m’a dit de me soulager. C’est bien mieux qu’un concentré Valium-Vodka-Stylo a-t-elle ajouté.

*** PSYCHOLOGIE: science créée par des psychologues pour des psychologues…et des amateurs de serpents à …
Sonnette !

– Entrez monsieur D. Qu’est-ce qui vous amène ? Allez, asseyez-vous.

– Dieu vient de m’envoyer ici vous dire d’aller vous faire foutre !

– Le moins que l’on puisse dire c’est que vous manquez de psychologie , Monsieur D.

– Ben quoi, c’est qui le psychologue ici, vous ou moi ?

– Eh bien, mais c’est vous le psychologue ! ***

( Irréfutable, la sus nommée, l’œil carnassier, à dada sur mon dos, sauter par la fenêtre ?
Non, plutôt une mine anti-personnelle. )

L’homme est constitué d’un milliard de cellules. A chacun la sienne.
La déléguée de cette fort belle maison d’éditions poursuit. Elle semble dégoûtée par mon haleine et mes cheveux sales. Puis sur orbite, elle se lance le verbe facile, retrousse un peu sa jupe. Cellulite? Peau d’orange, rien à faire, vite elle enchaîne comme à l’école. Tableau noir. Son portable sonne. Oui, c’est moi ?
« Fort potentiel… Grammaire en sommeil… Syntaxe défaillante... Nous y mettrons un de nos meilleurs correcteurs. Littéraire mais comment dire jusqu‘au-boutiste…»
Au bout de quoi ?
Au bout du bout il y a des bouts, des petits bouts , tout au bout là-bas, il y a la porte.
Je suis debout, elle reste assise.

Et j’ai bien cru qu’elle allait ajouter, toujours le même style, les mêmes mots. En aparté, glisse que le comité de lecture n’a discuté que très peu sur mon cas.

Je suis un génie.
Ça me rassure.
Elle m’a persuadé que je serais un grand écrivain.
Signifiant : grand écrivain, grand écrivain inconnu du grand public.

Je suis déjà triste à l’idée que les gens ne me reconnaissent pas encore dans le train du retour.

A Angoulême, je descends faire un tour qui s’éternise.
Le TGV repart sans moi.
A pied, je rejoins les remparts. Je défais ma valise.

Un homme en costume blanc s’approche et me demande :

– Depuis combien …?

Combien de quoi ?

– Depuis combien de temps vous fumez dans un endroit ouvert au public alors que vous n’êtes même pas écrivain ?

Le costume blanc m’embarque.

Je ne prenais pas cher, pourtant.
J’aurais pu devenir un grand écrivain.
Alors j’ai raté ma vie et pris un autre train. J’ai mes bagages à la main, des larmes qui me coincent les cervicales, une conséquence de l’ammoniaque. Je n’ai pas le pied marin. Il neige sur Limoges. Je n’espère plus rien. Je m’invente des saloperies. Me mouche. Avec un gant de crin. Garden-Party, mes végétations poussent et je me pousse du coude.

– Vous cherchez l’église, Monsieur D. ? Rue, Tout-Y-Croit.

Crétin, forme dialectale de chrétien, au sens péjoratif.

– Vous cherchez l’égoût, Monsieur D. ?

Non, je cherche une cachette. Tout le contraire d’une concession automobile où de jeunes femmes en robes courtes viennent négocier le prix de l’amour.
Dommage, l’indice du prix de l’amour vient d’augmenter. D’augmenter encore. C’est la crise.
Je ne serai jamais écrivain.
Le pendant de la poésie est ce qu’elle ne peut contenir.
Année de la métaphysique et cette science m‘appartient, le premier janvier tombera toujours un trente et un décembre.



MERCI JONQUILLE !

ART TATUM, autopsie d'un piano


JE CREVE ! JE T’AIME !
Tam-Tam
Art Tatum

J’ suis en en prison


[...] et la morale de ceci, c'est : Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes. (Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles-Lewis Caroll)

Le poison creusait.Maintenant, elle déposait un à un ses rires au sommet des peupliers. Les angles musicaux de sa terrible folie à lui, claquait, une par une, ses paupières.
Serum de l’homme-mur. Mur de l’horreur. Parchemin de la blessure. Le juchoir avait été un mauvais exemple, principe précaire, et il avait touché la foudre.
Ô Debbie, deb reviens ! Reviens contempler ma mémoire. Reviens contempler mes joues de mémoire qui se souviennent de tes baisers. Pénitencier de son stupre. Klaus Barbie et sa poupée. Ma poupée, ma chérie, mon Toi, Marie-Joie, mécano, moulin de mon café. Larmes de l’adrénaline. Les méconnus sont des inconnus. Les conifères, les cons à mourir. Balle au prisonnier. Porte-clef , dernier clic. Voix de fée.

Je surhumanise pour extraire. J’enfante sans pouvoir. Altération. Chaise roulante du coeur, t’aime-t’aime, Sonny Rollins. Prédication des Non et Oui, des Oui et Non. T’aime-T’aime, Art Tatum. Da dou ron ron.

JE CREVE ! JE T’AIME !
Tam-Tam
Art Tatum

J’ suis en en prison


JE CREVE !
JE T’AIME !
Tam-Tam
Art Tatum
J’ suis en en prison
...


Les démantibulés

Qu'est ce qui t'as pris bordel de casser la cabane,
De ce panou panou, puis sortir ton kif,
Ouvrir le billet de primitif,
Qui débarquait de sa savane

La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
La nostalgie camarade, la nostalgie camarade

Qu'est ce qui t'as fait prendre cette fille diaphane,
Contre son gré, et sous ses griffes,
Des regrets tu reponds négatif,
Mais encore tu ricanes.

La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
La nostalgie camarade, la nostalgie camarade

Qu'est ce qui te prends mon sucre de canne,
De te klaxonner la gueule,
Sombrer sur les récifs de ta mémoire,
Et revoir ton passif en respirant la colophane

La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
La nostalgie camarade, la nostalgie camarade

Il s'en passe des choses sous ton crâne rasé,
C'est plein de tristesse et de kifs,
Tu te vois encore en tenue léopard, bourré d'explosif,
Sauter de ton aéroplane.

La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
Camarade, camarade, camarade, camarade.

La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
La nostalgie camarade, la nostalgie camarade
La nostalgie camarade, la nostalgie camarade

La reprise est classieuse. Du bon travail.

23.3.09

MELODY NELSON

Une des grandes constances de ma vie aura été de vouloir connaître Gainsbourg. Cette volonté m'est venue dès 1958 alors qu'écoutant Le poinçonneur des Lilas, je m'interrogeais : quel cerveau, quelle âme, quel homme cache cette voix nouvelle ? Treize ans plus tard, à la suite d'une overdose d'héroïne - résultat d'une étourderie formidable doublée d'un défi semi-conscient-, je me trouvai paralysé, légume humain sans pensée, ni mémoire, dans une chambre carcérale de clinique de banlieue. Agonie et résurrection : une enfant de dix-sept ans eut l'idée d'offrir L'histoire de Melody Nelson à mes oreilles mortes. Le miracle eut lieu. Grâce au son gainsbourien, à la poésie de Gainsbourg, à la musique de Gainsbourg, ma machine mentale se remit en marche. Les ineffables sonnets de Melody ont précédé dans mon mémorial, Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire, Aragon. J'ai connu le provocateur en juin 1987. N'ayant rien de commun avec lui, hormis ce siècle et notre génération, je croyais n'avoir rien à partager avec ce non-semblable. C'était compter sans cet empire de la révélation qui rapproche les contraires. "Tout ce qui est atteint est détruit", écrit Montherlant dans une maxime fameuse. J'ai atteint Gainsbourg et -de moi à lui- rien n'a été détruit de mon admiration : ni dans l'artiste de génie ni dans l'homme singulier.

Yves Salgues

MICHEL