24.3.09

Le cri atomique de l'écrivain

L’idiophone

« « « « Le cri atomique de l’écrivain » » »
PORTE-TOI BIEN , lui répondit l’écho !…!…!…!

Angoulême – Périgueux, via Bordeaux par Agen. Je me serais fait une ligne de train. Dimanche prochain, je mettrai un sac en plastique sur la tête. Et des ballet- boots , et du rimmel , et de l’encre de Chine, et des mots, des mots dans mon sac à dos. Du dentifrice pour poivrots, pour pas sentir mauvais de la bouche.
Oui, c’est vrai, j’avais déjà remarqué que les femmes préfèrent toujours qu’on les embrasse plutôt qu’on ne les touche.
Ils diront que je suis fou, mes parents, leurs amis et ma belle-sœur.

« Votre manuscrit a attiré notre attention, bla-bla-bla…et nous serions enchantés de faire votre rencontre, bla-bla-bla…ce jour à l’heure dite, bla-bla-bla… »

Le fauteuil est cosy, l’ambiance est morte. J’ai droit à des yeux froids. Dont un seul me regarde parce que l’autre m’épie, me jauge.

– Olivier D., il vous faudrait vous trouver un autre pseudo. Pourquoi ? Olivier D., c’est pas beau ?

Provocateur, je détourne la loi en allumant une cigarette. Elle continue sans élever la voix. Elle a trente cinq ans et au plus fort de la tempête, costumée à la Van Halen, le talent en moins sur talons hauts.

– Puis-je vous raconter une de mes vannes préférées ? La psy, avant de partir m’a dit de me soulager. C’est bien mieux qu’un concentré Valium-Vodka-Stylo a-t-elle ajouté.

*** PSYCHOLOGIE: science créée par des psychologues pour des psychologues…et des amateurs de serpents à …
Sonnette !

– Entrez monsieur D. Qu’est-ce qui vous amène ? Allez, asseyez-vous.

– Dieu vient de m’envoyer ici vous dire d’aller vous faire foutre !

– Le moins que l’on puisse dire c’est que vous manquez de psychologie , Monsieur D.

– Ben quoi, c’est qui le psychologue ici, vous ou moi ?

– Eh bien, mais c’est vous le psychologue ! ***

( Irréfutable, la sus nommée, l’œil carnassier, à dada sur mon dos, sauter par la fenêtre ?
Non, plutôt une mine anti-personnelle. )

L’homme est constitué d’un milliard de cellules. A chacun la sienne.
La déléguée de cette fort belle maison d’éditions poursuit. Elle semble dégoûtée par mon haleine et mes cheveux sales. Puis sur orbite, elle se lance le verbe facile, retrousse un peu sa jupe. Cellulite? Peau d’orange, rien à faire, vite elle enchaîne comme à l’école. Tableau noir. Son portable sonne. Oui, c’est moi ?
« Fort potentiel… Grammaire en sommeil… Syntaxe défaillante... Nous y mettrons un de nos meilleurs correcteurs. Littéraire mais comment dire jusqu‘au-boutiste…»
Au bout de quoi ?
Au bout du bout il y a des bouts, des petits bouts , tout au bout là-bas, il y a la porte.
Je suis debout, elle reste assise.

Et j’ai bien cru qu’elle allait ajouter, toujours le même style, les mêmes mots. En aparté, glisse que le comité de lecture n’a discuté que très peu sur mon cas.

Je suis un génie.
Ça me rassure.
Elle m’a persuadé que je serais un grand écrivain.
Signifiant : grand écrivain, grand écrivain inconnu du grand public.

Je suis déjà triste à l’idée que les gens ne me reconnaissent pas encore dans le train du retour.

A Angoulême, je descends faire un tour qui s’éternise.
Le TGV repart sans moi.
A pied, je rejoins les remparts. Je défais ma valise.

Un homme en costume blanc s’approche et me demande :

– Depuis combien …?

Combien de quoi ?

– Depuis combien de temps vous fumez dans un endroit ouvert au public alors que vous n’êtes même pas écrivain ?

Le costume blanc m’embarque.

Je ne prenais pas cher, pourtant.
J’aurais pu devenir un grand écrivain.
Alors j’ai raté ma vie et pris un autre train. J’ai mes bagages à la main, des larmes qui me coincent les cervicales, une conséquence de l’ammoniaque. Je n’ai pas le pied marin. Il neige sur Limoges. Je n’espère plus rien. Je m’invente des saloperies. Me mouche. Avec un gant de crin. Garden-Party, mes végétations poussent et je me pousse du coude.

– Vous cherchez l’église, Monsieur D. ? Rue, Tout-Y-Croit.

Crétin, forme dialectale de chrétien, au sens péjoratif.

– Vous cherchez l’égoût, Monsieur D. ?

Non, je cherche une cachette. Tout le contraire d’une concession automobile où de jeunes femmes en robes courtes viennent négocier le prix de l’amour.
Dommage, l’indice du prix de l’amour vient d’augmenter. D’augmenter encore. C’est la crise.
Je ne serai jamais écrivain.
Le pendant de la poésie est ce qu’elle ne peut contenir.
Année de la métaphysique et cette science m‘appartient, le premier janvier tombera toujours un trente et un décembre.



MERCI JONQUILLE !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un jour...un livre livré vrillé dans le sens d'un auteur...grand!

Du haut de sa tête, il avait le vers-tige...comme une araignée collée au sommet des idées...Un jour, il y eut un livre...LUI!

Sylvie Girardot

Lol47 a dit…

Je suis come-back, ça va.
A+ mon amie.