1.5.09

L'arbre aux poèmes

Personne ne cherche à s’oublier, c’est déjà fait. Malheureusement.
Ne dis rien. Ne parle pas. Les jours sont et existent. Nous sommes encore le jour et pas encore la nuit.
Les notes tisonnent dans ma tête. C’était mon premier repas de jazz. J’avais faim comme un poète.
C’était déjà et pourtant.
Ce n’était pas toujours, je voulais que ça le devienne.
Écrire avec son cœur, qui ne sait comment donner de l’amour.
Joue pour moi, Thelonious. Joue ! Jouis !

Loin de moi, dans le froid, ou dans la chaleur d’un faubourg triste, il y a des filles, les filles du Père Noël qui donnent de la joie à des hommes en déroute, dans leurs bouches et entre leurs cuisses, elles engloutissent la misère à la va-vite, ouvrent leurs âmes une fois par an. Elles font l’amour à des portières de voiture, elles font de l’amour. Donnent de leur temps à des hommes sans amour et qui manquent de temps.
Oui, je sais, c’est une putain de tristesse qui t’envahit la nuit de Noël, alors tu écris pour te demander pourquoi tu écris.
Tu écris avec des beaux sentiments. Ton prénom c’est Narcisse. Ce n’est pas un beau cadeau que t’ont fait tes parents.
Mieux fait, pas bien fait, va savoir…
Le pourquoi des choses est dans le comment.
L’incommensurable, et des contrées désespérées, j’aimerais être la mer qui accouche les vagues, un pied de nez cueillant la brume sur les landes sauvages.

Les ions positifs m’empêchent de respirer.
Excision, exclusion, réclusion des idées s’enfermant dans les mots.
Sans que je ne veuille l’admettre, j’ai toujours construit mes doutes, j’ai fait la fête païenne, mygale nichée et trisomique au fond du sexe rond, blessé, de la femme qui m’a enfanté.
J’ai voulu la vitesse, découvrir des contextes, aller au fin fond, grimper aux murs de ma chambre.
J’ai voulu que le soleil vienne me tenir par la main.
J’ai toujours voulu devenir écrivain.
Certains boivent le vin de messe comme s’ils caressaient les fesses d’une concierge. La religion des billets me froisse. Je n’aime que ça. Jouer des mots, avec eux, contre eux.
Et si je devais construire une maison un jour, je la construirais en murs de livres. En murs de lèvres.
Oui, oui, je sais docteur…qui peut le plus embrasse le plus mal…!
Tant pis. Nous ne sommes jamais forcés, sinon par les contraintes auxquelles il faut s’adapter. Trouver sa blessure et lui trouver un mot, c’est un jeu partagé entre l’auteur et son lecteur.
Un jeu de l’emprise, une nuit de Noël dans les étoiles.

Une nuit de Noël sans les étoiles et sans les peuples du ciel. je continue de recopier le crime de mes ancêtres.

Journaliste du petit bonheur ou de la chance, je suis né dans la rue du chagrin et c’est comme ça.
L’homme est né pour enculer ou se faire enculer.
Et si j’ai lu Henry Miller, c’est pour demander sa main à la littérature.
Alors, priorité au chagrin car ce sont mes gravitations. Les uniques universels. Quand on me demande quel temps fait-il sur l’ombre, je dis, il pleut. Et je réponds.
Je me source.
Il pleut à foison.
C’est le.
Je m’épuise.
Le temps de la merde qui pleut comme un poisson.
Oui, il pleut sur l’ombre et Barbara est une fille facile. Tous les hommes sont entrés dans son vagin en faisant siffler leur locomotive.

Je n’aime pas regarder autre chose que les yeux d’une « fille ».
Ce sexe si différent, si bleu.

J’aime entrer dans Barbara.
Le parfum de mes amis morts, la piste.
J’aime entrer en elle.
Comme si j’étais différent de moi-même. Le roman que je n’ai jamais écrit. Cette sorte d’autre.
Ce condamné à l’infamie.

– Qu’est-ce que tu penses ?

– Je ne pense rien. Je suis.

Et si j’écrivais ?
L’artiste, tigre du Bengale, Monsieur Jésus.
Alors je ris et m’étends triste. Entre ses cuisses nues. Elle a la peau d’une pêche tendre et son sexe est lisse. Je pleure. Je suis un chien masochiste. Je ne veux pas qu’elle m’admire, surtout pas, qu’elle me traite de boue et de coq, qu’elle m’enferme dans son paysage afin que je lui appartienne et qu’elle me supprime.

No Need, elle dit.
Les rues de Saint-Petersbourg sont pleines ! Aucune place n’est libre. La neige a fondu. Il n’y a désormais que de la haine. Sous le manteau de la neige n’existent à jamais que les filles perdues.
Les regrets se perdent, s’enfoncent dans la toute petite, l’inévitable petite vertu.

Aucune mort ne sera plus agréable que la mienne. Si tant est qu’un jour cette mort puisse m’appartenir.

Te souviens-tu Barbara ?
Te souviens-tu ? Te souviens-tu de ce type ? Il avait de l’acné à quarante piges, une Volvo qu’il faisait rouler à deux cents à l’heure sur l’autoroute, Paris-Province en deux heures. Il arrivait à l’heure, engloutissait une bouteille de Whisky. Il disait que ses parents possédaient un château. Oh ! C’était sûrement un château en Angleterre.

Te souviens-Tu ?. Tu avais évoqué l’idée que tout ça cachait un cache-misère. Et tu avais raison. Car tout cela était vrai. C’était vrai comme la véritable misère d’un danseur qui n’a plus de pieds. C’était
Avant-hier .
Il restait un peu d’eau dans le puits.
Et des bonbons.
Et des cadeaux au pied du sapin.
Il restait lui.
J’étais déjà un drame et j’essayais de lui ressembler à moi tout seul.
J’avais lu trop de livres. J’étais déjà renversé.
Puis, dans cette nuit du 31 décembre, il a vomi ses fautes. Par pendaison. Je n’ai pas pleuré car ce n’était pas ma faute.
Oh ! Mon Dieu !
Mon père m’avait dit de ne pas pleurer , soutenant une thèse absurde. La vie n’est pas de notre faute.
Un regret qu’il faudrait rejeter à la mer. Mettre un coup de pied. Et il avait rajouté, si les hommes sont devenus des femmes, c’est parce qu’ils sont lâches.
Tout va avec la vie quand rien ne va.
Les cors aux pieds me font mal. Je devrais consulter un docteur.
Un auteur.
M’ausculter. Je sais que c’est lâche et comme une corde à laquelle on voudrait se pendre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et bien
Ce bla bla blême blesse mais bleusse

C'est courageux, écrire ses faiblesses, c'est fourrage, c'est âmelaisse, âmeliane, âme nie os, amnistie, âme au lire, amnyosynthèse peut-être, je ne sais pas comment ça s'écrit.

Vous écrivez bien, enfin, tu, ce serait dommage d'arrêter

Comme drogue, l'écriture?
Comme aube
Aube rouge, aube blanche
Aube rose
je vous embrasse, enfin, je te