4.4.09

Combat de négresses nues dans la neige


















Les gros bourdons de soleil, zèbres du ciel, ont commencé à envahir la plaine translucide, glacis de l’illumination. Les paysans de tous les bords de la fazenda sont accourus; les courbaturés, les hommes de main, les va-nu-pieds, insectes vivant de méchanceté et de menus larcins. Minus habens il est selon les humeurs du propriétaire, des jours de servitude, de peine à creuser la terre profonde.
Quant vient « Le Jour d’EDGAR », les mines s’allongent , comme on va à confesse, on s’habille, on devient élégant. A la musique des cuivres, l’immense gerbe émigre vers le nord. La tribu sans souliers se prosterne devant le culte des sénateurs.


Apprêtées, polies à la cire, les deux antilopes en carbone sont emmenées dans le ce cercle qui dira la loi; elles combattront enchaînées comme des pense-bêtes, la vaincue rastaquouère finira étranglée, sultane pendue par une ficelle. Le Jocrisse les présente à l’assemblée des ripailleurs fous, il examine sans ménagement leurs chairs, leurs peaux, leurs oreilles et leurs dents. Du cou jusqu’aux chevilles, serrées, tressées de mille maux piquants. L’une d’elles a les seins en forme de tire-bouteilles, elle porte son huitième enfant et la plus jeune est tellement fière qu’elle fera monter les enchères au plus offrant.

Le grand couteau sémaphore s‘enfonce d‘un ton sévère, alors le gong de la montagne retentit. Les yeux des béotiens aux formes trapues, moins que le nez et plus que le visage, s’excitent comme des aiguillons.
Seul au milieu de ce contingent microbien, l’homme au grand chapeau, immense émissaire , le mangeur de serpents admire la lutte des fumeuses noires sur le sol glacé, leurs babines retroussées comme des ballots d’argent.


Au niveau des genoux puis en bas, l’une tombe. Amanie, huitième merveille du monde au ventre rond, s’enfuyant dans la transparence.

Maintenant, pendant, demain.
Ailleurs, elle ira.


La négresse blanche dont le secret sera respecté jusqu’aux nuits tombantes, dont le feuillage est plus touffu qu’un songe, les yeux des flèches roses, le coeur d’une noyée rejetée par les fleuves du grand pôle.

Il neigera noir au fond des douves, dans le culte de la déesse-bougie, les cétoines s’habilleront d‘ors, garde-chiourme avec leurs masques de gitans formeront cercle autour de l’évanouissement de la princesse, porteurs de silence et de bronze.


Et lui, l’homme qui mange les serpents cherchera au-delà de l’abécédaire, les pas continuels sans pente, sans fin, sous le manteau de la neige, la lumière du jour, le mélange de pus et de sang.
Dévoué à la sanie.
Terrible hallebardier, serpent de la négresse, Rodrigue battant ses flancs à raviver les charmes de la machine-nue, l’étreinte de son étreinte, l’être de son être, Son Allégresse, l‘épiderme des sédiments, la ferrure dorée.

Vers sa genèse, il marchera à pas de géants, sous son manteau de fourrure il cachera son idée noire, grattera la terre huileuse, à se rendre hideux et blême sous le ciel plombé du vol des frelons. Des décennies passeront en minces filets de prières, assis dans le feu de la force obscure.

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