5.4.09

L’oenologue et la poupée



Immortalisée dans la perspective, les seins assoupis, le cou, les mains et les pieds ornés de colliers, elle est grosse d’un désir que l’on nomme communément grivoiserie.
L’odeur du grésil sur les cornes de l’oenologue fait frémir toutes les possibles humiliations à venir.

Estany, la nubile, princesse de ses quinze ans, l’hypnotique ancêtre des Maures.

Cet animal consacré, au même titre que les cahiers de Freud l'ont établi récemment, l’oeuvre de Baudelaire frelatée, développant les arguties selon lesquelles la théorie prendrait forme sous les noms de Meredith ou autres Laura.

Estany n’est pas le sommaire d’une théorie. C’est un rayon de lune sur le couchant. Une forme vibrante du soleil des poésies, une déesse omnipotente, esclave dans la ruche au fond du corridor, l’évangile selon le Docteur Lol, et de son barbare comparse Salomon, goûteur de nus et oenologue.

« Here comes the tears.. »

Cent douze battements de coeur plus tard.
L’éprouvante possession du sabbat.

L’oenologue, en visite dans la salle des centenaires. L’espace lunaire du cerveau en articulation de l’unité perdue nous joue la peur des cris animaux. Se joueront là les premières mesures du discours contre l’art.

Version Nostradamus, le nécrologue.

Les centenaires sont comme des généraux pantagruéliques. L’oeil du sexe vissé sur le front, ils dévorent l’enfant nue.
La poupée joue de sa troublante vanité.
L’oenologue joue avec sa poupée.
Il a le goût de peindre en poète minutieux les rivages d’Estany.

Béatitude. Enfance-reine. Entre la baignoire et le divan, Estany, arrière petite fille des souffleurs de souffrance. JeuneChienne pour généraux. Les mots primitifs effleurent les corps penchés.
Nul ne peut ignorer que la nubile fait partie du corps de l’oenologue, qu’elle épouse l’hallucination de son éminence.
L’oenologue aime à périr sous la vision de sa poupée quand elle s’agenouille, chicaneuse de processus, ses fesses relevées et son visage tendu, ses lèvres prises par l’hameçon du docteur.
Tout l’hiver, l’espoir s’épaissira, l’odeur de son sexe aura alors le goût de la menthe.
Et tout le gratin des happy few, voyeurs, généraux impuissants, nymphomanes alcooliques, monomaniaques pisseurs utiliseront avec moult délices les procédés de l’oenologue.
Le mal nettoie les larmes. Il dessine avec sa canne la cage du temps hurleuse.

Notre vieillesse, m’a dit l’oenologue, se conduit en petite voiture, mangeuse de hot-dogs, et sous les lèvres grises de la pluie, la souche, nid de guêpes, nous invite à caresser les épaules de la mort.
Alors le concerto nous délivre de la chair qui s’éteindra bientôt.
Mais déjà Estany s’envole dans un aéroplane, furtive à la vitre gauche, sur le hublot ses rires font ricochet.
Elle nous traite de crêtes de coq, le brouillard la navigue au loin dans la tessiture solitaire. Estany s’enlace au ciel vers de nouveaux motifs de lassitude.
Malades de Carré, Lol et l’ oenologue ont perdu la poupée. Ils rajustent un noeud de tristesse à leur cravate. Le temps, alter ego du métronome qui répond « peut-être ».

Le temps a l’habitude. Du vague à l’âme. Il fait une croix à ses souliers.

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